VIVVANT#19 : Et si le doute n’était pas le problème ?
Et si le doute n’était pas un frein, mais un révélateur ? Cette lettre explore comment le transformer en moteur de discernement, d’audace et d’alignement.
Le doute, ce compagnon discret mais tenace.
Depuis plusieurs mois, j’ai interviewé de nombreux hommes — la quarantaine bien entamée, souvent plus.
Ils ont des parcours solides, une belle expérience, parfois des postes à responsabilité. Et pourtant, un mot revient presque à chaque conversation : le doute.
👉 Doute sur leur place.
👉 Doute sur ce qu’il reste à faire de “ces dix prochaines années”.
👉 Doute sur leur capacité à changer, à se réinventer, à retrouver du sens.
Le doute n’est pas toujours visible. Parfois il prend la forme d’une fatigue vague, d’une envie de ralentir ou d’un agacement diffus au travail. Parfois, il est frontal. Il bloque. Il ronge.
Mais le plus intéressant, c’est ce qu’il cache.
👉 Car derrière le doute, il y a souvent une envie.
Envie de mieux. De vrai. De vivant.
Et si le doute était un signe d’élan, pas de frein ?
Il nous a tous tenus à l’écart, à un moment ou un autre. Le doute. Celui qui murmure : « Tu n’es pas prêt », « Ce n’est pas encore le moment », ou pire, « Tu n’y arriveras pas. » Et si ce doute n’était pas le signe que tu devrais t’arrêter... mais celui que tu es sur le point de faire un pas important ?
Dans cette lettre, je t’invite à un renversement de perspective. Car peut-être que la vraie confiance ne vient pas de l’absence de doute, mais de la capacité à agir malgré lui. Et peut-être que ce doute, loin d’être un obstacle, est une porte vers ta puissance tranquille.
💡 À retenir en un coup d'œil
✅ Le doute est normal : ce n’est pas une erreur de ton système, c’est un signal d’attention.
✅ La confiance ne précède pas l’action, elle en découle.
✅ Il existe plusieurs types de doute : les comprendre, c’est déjà les apprivoiser.
✅ Tu n’as pas à te débarrasser du doute pour agir — tu peux avancer avec lui.
✅ Des outils simples existent pour passer à l’action sans te trahir : respiration, micro-pas, journal du doute, ancrage dans tes valeurs.
🤷 Pourquoi tu n’as pas besoin de plus de confiance pour avancer
« Je ne suis pas assez confiant pour me lancer. »
Faux. Ce n’est pas la confiance qui précède l’action, c’est l’action qui crée la confiance.
C'est l'un des enseignements fondamentaux de The Confidence Gap de Russ Harris, fondé sur la thérapie ACT (Acceptance & Commitment Therapy). Cette approche, validée par plus de 300 études scientifiques (Hayes, 2006 ; Levin et al., 2017), montre que la volonté de supprimer le doute renforce en réalité notre piégement mental.
Tu crois devoir "ressentir" la confiance pour agir ?
En réalité, les neurosciences le montrent : la confiance se construit par l’expérience réussie en dépit de la peur, grâce à la plasticité neuronale (Doidge, 2007).
Et ce doute n’est pas une anomalie. Il fait partie intégrante de l’expérience humaine. Il est souvent le signe que tu es à la frontière de quelque chose de significatif. Il t’invite à sortir du connu. Et c’est justement là, dans l’incertitude, que commence la croissance.
🪤 Le piège de la confiance
"Quand je serai confiant, je passerai à l’action."
C’est l’idée reçue la plus toxique. Elle nous fait croire que l’action dépend de l’état intérieur, qu’il faut d’abord se sentir prêt pour oser. Or, cette attente est un cercle vicieux.
Russ Harris nomme cela le piège de la confiance. La vérité, c’est que la confiance est un acte de fidélité à ses valeurs, pas une absence de peur. Agir malgré le doute, ce n’est pas tricher. C’est humain, et c’est puissant.
Et parfois, l’action juste, c’est de ne pas agir tout de suite. C’est s’autoriser une pause consciente, une respiration. L’important, ce n’est pas d’aller vite : c’est d’être lucide.
🪞Tous les doutes ne se ressemblent pas
En les confondant, on risque de leur opposer une réponse inadaptée. Voici cinq grandes familles de doute que tu peux rencontrer :
👉 Le doute de compétence – « Suis-je à la hauteur ? »
→ Il surgit face à un défi, un jugement extérieur ou une peur d’échouer. Il est souvent lié au perfectionnisme ou à une faible estime de soi.
Reconnecte-toi à des réussites passées concrètes, même petites.
Cherche des retours bienveillants.
Lance une micro-action pour générer de la compétence vécue, pas juste pensée.
👉 Le doute existentiel – « Est-ce que ça a du sens pour moi ? »
→ Ce doute est profond. Il concerne ton alignement, ton identité, la cohérence entre tes actes et tes valeurs. Il est souvent révélateur d’une transition intérieure.
Prends du temps d’introspection.
Clarifie tes valeurs et aspirations profondes.
Écris ce que tu veux vivre, pas seulement ce que tu crois devoir faire.
👉 Le doute relationnel – « Que vont penser les autres ? »
→ C’est le doute du regard social. Il touche l’image de soi, la peur d’être rejeté, jugé ou incompris. Il est particulièrement présent en période de reconversion ou d’exposition publique.
Recentre-toi sur ton intention profonde.
Demande-toi : « Et si je n’avais rien à prouver ? »
Partage dans des espaces de confiance pour désamorcer la peur du jugement.
👉 Le doute d’opportunité – « Est-ce le bon moment ? »
→ Il te fait tourner en rond sur les conditions extérieures. Il est souvent un masque pour éviter l’inconfort de l’action. Mais parfois, il reflète aussi une vraie prudence stratégique.
Distingue stratégie et fuite.
Identifie les conditions vraiment nécessaires.
Fixe une deadline ou une micro-action test, plutôt que d’attendre un "moment parfait" hypothétique.
👉 Le doute moral – « Est-ce juste ? »
→ Il interroge ta conscience. Il te pousse à réfléchir à l’impact de tes décisions sur les autres, sur ton intégrité, ou sur le monde. Il mérite d’être écouté, mais pas de devenir un frein paralysant.
Consulte des personnes de confiance alignées sur l’éthique.
Évalue les conséquences pour les autres.
Interroge-toi : « Cela sert-il mes valeurs profondes ? » sans tomber dans la paralysie morale.
🤯 Ce que dit ton cerveau quand tu doutes
Le doute est une fonction biologique. Il active dans ton cerveau l’amygdale et le cortex préfrontal, zones liées à la détection du danger et à la prise de décision. Ton cerveau t’alerte : « Attention, zone d’incertitude. »
Mais il ne fait pas la différence entre nouveauté risquée et danger réel. C’est pourquoi, même face à une opportunité enthousiasmante, tu peux ressentir de la peur ou de la paralysie. Cela ne signifie pas que tu fais fausse route — juste que ton cerveau fait son travail de protection.
L’enjeu ? Apprendre à distinguer le signal utile de l’alarme exagérée. Et surtout, entraîner ton système nerveux à rester mobilisé sans se crisper.
🎬 Tu es de quel type face au doute ?
⚪ Le fuyant : il évite, reporte, se dit qu’il verra plus tard.
Planifie une micro-action chaque jour. Ce qui est flou devient plus gérable quand il est découpé.
⚪ Le rationnel : il analyse, sur-analyse, compare sans cesse.
Fixe une deadline pour décider. Trop de réflexion est aussi une forme de résistance.
⚪ L’impulsif : il agit vite pour faire taire l’inconfort.
Prends 5 minutes de pause avant chaque décision : l’action juste vient souvent après un silence.
⚪ Le ruminant : il tourne en boucle dans sa tête, confond profondeur et stagnation.
Écris tes pensées. Le passage à l’écrit clarifie et apaise.
⚪ Le stratège lucide : il écoute le doute, comprend son message, et avance avec lui, pas contre lui.
Continue à cultiver cette posture : tu es sur un chemin d’alignement. Partage-le autour de toi.
🧠 Ce que dit la science
Les neurosciences montrent que le doute active les circuits de détection d’erreur dans le cerveau — notamment l’insula et le cortex préfrontal. Cela peut générer une forme d’alerte, de tension, voire d’inhibition de l’action.
Mais cette réaction est un signal d’attention, pas un signal d’arrêt. C’est parce que ton cerveau est intelligent qu’il doute. Pas parce que tu es défaillant.
Un chiffre à méditer
D’après une étude de l’INSEAD, 70 % des leaders affirment avoir renoncé à des opportunités majeures à cause du doute, et non par manque de compétence réelle.
(INSEAD, 2020)
🪜 Trois leviers concrets à pratiquer (et comment les appliquer)
1. Défusion
🔹 Prends conscience des pensées qui tournent en boucle (ex : « Je suis nul », « Je vais échouer »).
🔹 Dis-toi intérieurement : « Je remarque que j’ai la pensée que… ».
🔹 Tu peux aussi donner une voix ridicule à cette pensée, ou l’écrire sur un post-it.
🔹 L’objectif n’est pas de faire disparaître la pensée, mais de diminuer son emprise sur toi.
2. Expansion
🔹 Quand une émotion inconfortable apparaît, prends une pause et respire.
🔹 Visualise l’émotion comme une vague ou une énergie dans ton corps.
🔹 Dis-toi : « Je suis capable de contenir cette émotion et d’agir en même temps. »
🔹 Respire lentement. Laisse l’émotion exister, sans te laisser diriger par elle.
3. Engagement
🔹 Identifie une valeur importante pour toi.
🔹 Pose-toi la question : « Quelle petite action je pourrais faire aujourd’hui pour vivre cette valeur ? »
🔹 Ne vise pas la perfection : vise la cohérence.
🔹 Tu n’as pas besoin d’être sûr à 100 %. Tu as juste besoin de faire un pas dans la bonne direction.
Un exercice simple pour cette semaine
📅 Le matin : "Si j’étais déjà confiant, que ferais-je aujourd’hui ?"
📅 Le soir : "Qu’ai-je osé faire aujourd’hui, même avec du doute ?"
Et pour aller plus loin : commence un journal du doute. Note les pensées limitantes que tu repères, et les micro-actions que tu poses malgré elles. C’est un outil de reprogrammation puissant.
Le doute n’est pas l’ennemi : même les plus grands doutent !
Le doute n’est pas une défaillance. C’est un bruit naturel dans un cerveau en mouvement.
Winston Churchill appelait sa dépression son "chien noir". Il vivait avec ce doute profond, mais c’est justement parce qu’il n’a pas cherché à le fuir qu’il a su décider, résister, et inspirer.
Un exemple emblématique de cette posture : Winston Churchill face à la préparation du débarquement de Normandie. Bien qu’il fût un homme déterminé, son esprit était assailli de doutes à l’approche de cette décision capitale. Il craignait un massacre, comme lors de la débâcle de Gallipoli pendant la Première Guerre mondiale, pour laquelle il avait été tenu responsable. À plusieurs reprises, Churchill demanda aux chefs militaires si le plan Overlord était vraiment le bon. Il interrogea les conditions météorologiques, la logistique, l’effet de surprise, et même la solidité de l’engagement américain.
Mais au lieu de se laisser paralyser, il transforma ce doute en vigilance lucide. Il exigea des plans B, des simulations, des redondances. Et surtout, il finit par soutenir pleinement l’opération — non parce qu’il était sûr du succès, mais parce qu’il avait fait la paix avec l’incertitude, et choisi d’agir dans le sens de ce qu’il jugeait juste pour l’Europe et l’Histoire.
C’est ça, le courage lucide : avancer avec le doute, pas contre lui.
"Le doute est une force. Une vraie force. Veille simplement à ce qu’il travaille pour toi, et non contre toi."
— Barack Obama
Conclusion
Tu n’as pas besoin d’attendre un moment parfait. Tu n’as pas besoin d’éliminer la peur. Tu as besoin de reconnecter avec ce qui compte, et de poser des actes simples, précis, engagés.
💡 VIVVANT aide les hommes à devenir ce qu’ils veulent être du reste de leur vie en les aidant à se réinventer et à se reconnecter à leur rêve et à retrouver confiance en eux en levant les doutes qu’ils peuvent avoir.
Nous serons sur le GR34 en entre le 12 et le 15 juin 2025 avec un groupe VIVVANT d’hommes dans la cinquantaine qui se posent des questions essentielles sur leur vie professionnelle et personnelle.
Nous les aidons à se reconnecter à eux-même et à refaire surgir leur rêve professionnel et personnel qui s’est peut être enfoui le long des années et ainsi rendre leurs doutes inopérants.
Nous serons autour de Saint Malo.
🔥 VIVVANT, c’est l’espace où ils trouvent méthodologie, recul et soutien dans leur recherche :
✅ Un cadre structuré pour avancer sans se perdre.
✅ Un accompagnement personnalisé pour clarifier ses objectifs.
✅ Une communauté engagée pour un soutien mutuel.
✅ Des exercices concrets pour retrouver le contrôle.
Si tu connais quelqu’un a qui cela pourrait parler, invite le à aller regarder cette page, car nous clôturons les inscriptions mis mai.
Bon week-end et à la semaine prochaine !
Merci de me lire !
Bernard Tollec